Une grossesse obtenue dans 60% des cycles avec un don d’ovocytes

Par (embryologiste) et (invitra staff).
Dernière actualisation: 23/01/2015

Le docteur Agustín Ballesteros, directeur d'IVI Barcelona, nous parle des différents thèmes liés au don d'ovocytes: donneuses, législation et réussite de cette méthode lors des différents traitements de procréation assistée. Selon le docteur Ballesteros, "le don d'ovocytes est une réussite (c'est-à-dire que la grossesse est obtenue) dans 60% des cycles".

1. Pour certaines patientes, le don d'ovules constitue l'unique possibilité de tomber enceintes. Croyez-vous qu'il y ait actuellement une pénurie de donneuses d'ovules?

Dernièrement, on a beaucoup parlé dans les médias d'une probable augmentation du don de gamètes, que ce soit d'ovules ou de spermatozoïdes, en raison de la crise économique. Cependant, nous continuons en réalité à avoir des listes d'attente de patientes désirant entrer dans notre programme de don d'ovocytes. Il faut savoir que seuls 20% des femmes qui consultent pour un don finissent par réellement donner leurs gamètes. Le don de sperme est quant à lui beaucoup plus simple et on dispose de banques de sperme avec des échantillons suffisamment nombreux pour satisfaire la demande, les besoins en sperme de donneur ayant en outre diminué de près de 80% depuis l'introduction de l'ICSI (micro-injection spermatique). Cette technique permet de féconder un ovule avec un seul spermatozoïde, de façon à ce que même les hommes souffrant d'anomalies séminales puissent féconder un ovule avec leur propre sperme. De nos jours, l'indication principale du sperme de donneur est le traitement de femmes sans partenaire masculin.

2. Dans quels cas le don d'ovocytes est-il nécessaire?

Les indications du don d'ovocytes sont, d'une part, le traitement de procréation des femmes ayant perdu leur fonction ovarienne (ménopausées, déficits ovariens, femmes à qui on a retiré les ovaires lors d'une opération chirurgicale, etc) et, d'autre part, le traitement de femmes qui ont conservé leur fonction ovarienne mais pour qui la fécondation in vitro a échoué (femmes avec réserve d'ovules réduite ou mauvaise qualité des ovules, femmes âgées, etc). Dans les faits, le don d'ovocytes représente 40 à 50% des traitements de procréation assistée que nous réalisons à IVI.

3.Quel est le taux de réussite de cette technique? Autrement dit, le taux de bébé sains qui naissent grâce à elle?

Le don d'ovocytes est une technique à haut rendement qui permet d'obtenir une grossesse dans 60% des cycles réalisés et atteint des taux de grossesse accumulés supérieurs à 90% en seulement trois tentatives. Son rendement est indépendant de l'âge de la femme, ce qui en fait une merveilleuse solution pour toutes ces femmes d'âge avancé pour qui les traitements conventionnels ont échoué. En réalité, l'unique condition est que la patiente ait un utérus sain et soit en bonne santé. C'est pourquoi il n'est pas recommandé de réaliser cette technique chez des femmes de plus de 50 ans.

4. Au Royaume-Uni, on a vu comment les donneuses ont perdu leur anonymat. Pensez-vous que cela soit possible en Espagne? Serait-ce nuisible ou au contraire profitable au don de gamètes?

En Espagne, la loi stipule que le don est anonyme et je crois que cela devrait rester ainsi. Tout le monde connaît les problèmes qu'a engendrés la perte de l'anonymat au Royaume-Uni, où le don de gamètes a pratiquement disparu, obligeant les gens à émigrer dans des pays comme l'Espagne pour réaliser ces traitements.

5. Certains médias ont ouvert le débat sur des vides juridiques dans la loi qui réglemente la procréation assistée en ce qui concerne le don des gamètes à des couples lesbiens, ce que l'on appelle la méthode ROPA (Réception des ovules de la partenaire). Où se situe-t-on actuellement à ce sujet et quelle est la procédure suivie par les cliniques de procréation assistée?

Je crois que l'approbation de cette procédure est claire dans la loi. Si les couples lesbiens peuvent se marier et adopter légalement, l'utilisation de gamètes au sein même du couple ne devrait pas être considérée comme un don. Je suis tout à fait d'accord sur ce point, toutefois, la loi ne devrait pas laisser de vides juridiques. Il conviendrait de réglementer cette procédure, en tenant compte de toutes les implications possibles, comme le sort des pré-embryons excédents ou des enfants si le couple se sépare. Le législateur devrait prévoir toutes les conséquences civiles de ces traitements, notamment le fait que l'attribution de la parentalité à la femme qui ne porte pas l'enfant ne dépende pas de son inscription ou non au Registre Civil, mais qu'elle soit automatique.

6. Lors du IVe Congrès qu'IVI a célébré à Valence, le travail du docteur Renee A. Reijo sur la création de gamètes synthétiques à partir de cellules pluripotentes a été récompensé. En quoi sa recherche est-elle importante? Pourrait-elle représenter la fin des problèmes de stérilité?

Il est vrai que les avancées dans le domaine de la médecine régénérative sont fascinantes. La possibilité de créer des ovules et des spermatozoïdes à partir de cellules totipotentes ou de cellules souches permettrait de se passer des ovules ou du sperme de donneurs. Cela ne marquerait pas la fin des problèmes de stérilité mais permettrait au moins aux personnes ayant des problèmes de fertilité de les résoudre sans avoir recours à des gamètes étrangers. Malheureusement, même si ces recherches semblent très prometteuses, nous sommes toujours loin de pouvoir les mettre en pratique dans les cliniques de fertilité.

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Auteur

 Laura  Garrido
Laura Garrido
Embryologiste
Diplômée en Biotechnologie par l'Universidad Pablo de Olavide (UPO), avec un Master Universitaire en Biotechnologie de la Procréation Médicalement Assistée par l'Universidad de Valencia (UV) et l'Instituto Valenciano de Infertilidad (IVI). Expérience en laboratoires de FIV, andrologie et analyses générales. En savoir plus sur Laura Garrido
Adapté au français par:
 Isabelle Gutton
Isabelle Gutton
inviTRA Staff

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